Préalablement aux Rencontres nationales des territoires à énergie positive du 23 au 25 septembre 2020, le CLER a publié un rapport consacré à la transition énergétique territoriale, créatrice de valeur(s) et moteur de développement.
Principal enseignement de ce rapport: «l’appropriation locale des enjeux énergétiques est l’un des leviers majeurs de nouvelle création de valeur dans les territoires, d’attractivité et de dynamisme des ruralités.»
Question centrale, la cohésion territoriale est évoquée à travers le prisme du rapport entre production et consommation. Ainsi, est-il indiqué, de simple consommateur, le monde rural «est devenu producteur d’énergie à son propre bénéfice mais aussi exportateur à destination de territoires voisins.» Il en résulte de la création de valeur, de l’attractivité, ainsi qu’une «recomposition du rôle des collectivités et leurs interactions.» Néanmoins, le rapport pointe une «forte menace pour des territoires ruraux fortement consommateurs et vulnérables tant dans le secteur du logement que dans les déplacements. En l’absence de politique locale de l’énergie, chaque euro dépensé dans l’énergie quitte le territoire, appauvrissant non seulement les ménages, mais aussi tout le tissu économique local privé de ce flux financier.» Cette valeur économique de l’énergie doit être examinée à l’aune du «contexte de réduction des financements publics pour les collectivités.» Les territoires ruraux sont donc invités à accroître leur production, pour exporter a minima (il est parlé de «responsabilité») vers les «zones urbaines dans une logique de solidarité territoriale et globalement concourir à la réussite de la transition énergétique au niveau national.»
La dynamique TEPOS favorise la cohésion sociale
En outre, le dynamisme local de la politique énergétique participe au développement de nouveaux secteurs économiques tout en contribuant à améliorer la cohésion sociale, ne serait-ce qu’en réduisant la précarité. S’y ajoute l’émergence d’une économie participative de l’énergie, plus équilibrée et rémunératrice pour les territoires. «En générant une création de valeur monétaire pouvant faire l’objet d’une redistribution, les grands projets d’énergies renouvelables (éolien en particulier) garantissent une certaine liberté d’action – renforcement de l’autonomie territoriale – et ils peuvent contribuer au financement croisé de projets qui ne présentent pas la même rentabilité. Ces évolutions favorables apparaissent essentiellement quand les projets sont détenus dans une large mesure par les collectivités, citoyens et entreprises locales, et répondent à des objectifs sur le long terme axés sur l’intérêt général.» A ces bénéfices s’ajoute celui de la facilitation des projets, grâce à leur acceptation «par le plus grand nombre.»
Vers des formes originales d’hybridation entre secteur public et secteur privé?
Ce modèle est aussi celui des circuits courts. Le rapport invite à favoriser la «diversification du tissu économique vers les marchés locaux les plus porteurs.» Il peut s’agir de «filières d’approvisionnement en bioressources locales répondant aux besoins alimentaires, mais aussi aux besoins en matériaux et en énergies.» Les projets peuvent être (et sont souvent) de «taille modeste.» Les collectivités (par les achats publics, par exemple) ont vocation à favoriser «l’évolution des comportements d’achat des citoyens et des entreprises», socle de la création d’«emplois non délocalisables.» A ce titre, il convient aussi d’«anticiper une mutation de nombreux emplois et des transferts entre secteurs. L’économie verte ne se résumera pas à l’émergence d’activités nouvelles ex-nihilo. Elle reposera également et pour l’essentiel sur des activités existantes, mais nécessitant des compétences professionnelles nouvelles.» Le rapport trace ici un parallèle entre «évolution des modes de vie (et) des modes et des formes de production et de consommation.» Dans la mesure où «les modèles traditionnels de l’entrepreneuriat (et) de l’action publique (…) peinent à trouver les moyens d’inverser des tendances structurelles au déclin dans les territoires ruraux», il importe de réfléchir à «des formes originales d’hybridation entre secteur public et secteur privé.» Le modèle «d’écosystèmes coopératifs territorialisés» dépasserait ainsi «les organisations par filières, pour mieux prendre en charge une sphère d’enjeu (bien vivre chez soi, bien manger, être en bonne santé…).»
Les questions du financement et du cheminement vers ce possible modèle restent ouvertes. Le rapport ne cache pas la difficulté pour les collectivités d’accéder aux fonds nécessaires, qui proviennent aujourd’hui essentiellement de financements externes (État, Régions…). Dans la «longue période d’amorçage (une dizaine d’années, à titre indicatif)» qui s’ouvre, les collectivités sont invitées à faire preuve de volontarisme (mutualisation des moyens, portage des projets, réinvestissement permanent des bénéfices, création de sociétés publiques locales…).
La lecture des quelque 120 pages de ce rapport (cliquez ici pour le consulter) devrait donc largement nourrir les débats des rencontres TEPOS.
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